publié le 30/09/2022

SÉANCE PUBLIQUE DU 30 SEPTEMBRE 2022

Lac de Chalain lancement officiel du sauvetage

Après 5 années d’études, de concertation et de travaux préparatoires, le Conseil départemental du Jura a lancé officiellement ce vendredi 30 septembre, la phase concrète de sauvetage de ce lac, joyau du territoire.

« Nous sommes tous en responsabilité pour sauver le lac de Chalain. Il est le plus important de nos lacs naturels de notre célèbre Jura ! C’est notre devoir d’agir et il faut agir maintenant » a déclaré le Président Pernot lors de cette séance largement dominée par l’impérieuse nécessité de sauver ce lac confronté à l’eutrophisation mais aussi au surtourisme.

Si ce phénomène est naturel, il est malheureusement bien connu dans de nombreux lacs quand l’eutrophisation s’accélère anormalement. Cela se caractérise alors par un enrichissement en nitrates et phosphates, provoquant des déséquilibres écologiques tels que la prolifération de la végétation aquatique et l’appauvrissement du milieu en oxygène, avec un risque important de contamination par des cyanobactéries.

Remarquable par la richesse de sa biodiversité, pour ses ressources piscicoles et son classement au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, pour ses vestiges d’habitat sur pilotis datant de 6000 ans situés sur la rive ouest, le lac de Chalain est éminemment un site touristique majeur du Jura. Le Domaine, géré par la Régie Départementale de Chalain réalise à lui seul 200 000 nuitées annuelles essentiellement l’été.

Etroitement surveillé depuis 2015 à la suite d’une alerte lancée par la Fédération de Pêche et soumis dès 2017 à d’importantes études accompagnées par la création d’un comité scientifique, Chalain n’a jamais été négligé ni même laissé au « point mort ». Il est le symbole d’une richesse jurassienne exceptionnelle confronté néanmoins aux défis écologiques à relever à l’heure où le climat mute au galop.

Un engagement tout naturel pour le Conseil départemental qui, sous la Présidence de Clément Pernot, fait preuve de courage, d’audace et de responsabilité, avec des décisions politiques volontaristes en phase avec la prise de conscience portant haut cette nouvelle ère dédiée à la protection de notre environnement.

« Pour donner au lac toutes les chances de se régénérer et après avoir tout mis en œuvre pour atteindre l’objectif « zéro rejet » tant pour l’assainissement que pour les pratiques agricoles, il faut lui redonner un fonctionnement le plus naturel possible en mettant fin au marnage artificiel en vigueur tous les étés» a insisté le Président.

Entre la mi-mai et la fin du mois de septembre, le lac fait en effet l’objet et ce depuis des décennies, d’une intervention par l’intermédiaire de la centrale hydro-électrique  située  à Marigny. L’opération abaisse son niveau de près de deux mètres, le déconnectant tout à la fois de ses affluents et de la zone humide en rive ouest, véritable poumon qui n’assure plus de fait son rôle épurateur.

Après une importante phase d’études et d’échanges, le Conseil départemental s’est donc prononcé ce 30 septembre sur la stabilisation du niveau du lac à la cote 488 NGF, correspondant à son niveau d’étiage naturel. Après concertation, les collectivités riveraines devront à leur tour se prononcer sur cette approche et ainsi valider une série de mesures d’accompagnement visant à préserver le site :

  • abandon de la plage située sur la commune de Marigny, rendue à la nature
  • maintien de la plage de Doucier
  • déboisement de la rive ouest
  • restauration écologique des deux rus de Fontenu et du Moulin, situés sur le Domaine de Chalain, fournissant 97% des apports d’eau du lac
  • requalification fonctionnelle des plages du Domaine afin de les adapter au nouveau contexte
  • fermeture de l’ensemble des hébergements du Domaine de Chalain pour faciliter le report de fréquentation de la plage de Marigny
  • maintien du centre aquatique des Lagons et des commerces, avec la volonté de développer de nouvelles activités sur cette rive, propriété du Département.

« Le Département demande des efforts à tous les acteurs et donne l’exemple avec une évolution radicale de son Domaine et de sa régie»

La fermeture des hébergements du Domaine est une décision économique stratégique. Le Président du Conseil départemental tient d’ailleurs à ne laisser aucune ambiguïté s’installer sur cette orientation : « La priorité ce n’est pas la rentabilité, c’est la préservation du lac ! ».

Le modèle économique du Domaine avec son camping doté de plus de 700 places correspond en effet à un tourisme de masse, désormais incompatible avec les efforts menés pour pérenniser le lac.

De surcroît, le site, vieillissant, méritait d’être entièrement repensé, tout à la fois au plan des hébergements, de son organisation générale et de son niveau de services. Une étude rendue en 2019 par le cabinet Protourisme chiffrait l’effort d’investissement à près de 18 millions d’euro.

 Indépendamment de toute reconfiguration, le réseau d’assainissement du Domaine nécessite d’être entièrement repris pour un coût d’environ 2 millions d’euros.

S’ajoute à cela, la problématique des falaises devant être sécurisées pour 2 millions d’euros supplémentaires. Cet été, 68 emplacements ont donc été fermés pour constituer une ceinture de protection autour du site.

 « Les efforts pour sauver le lac de Chalain doivent être partagés par tous les acteurs économiques du bord du lac » insiste encore le Président.

Séance publique du 30 septembre 2022 à l’Hôtel du Département. © Nicolas Logerot / Département du Jura

GRANDE SALINE DE SALINS-LES-BAINS 

le Département prend une nouvelle part dans le financement

Site patrimonial et touristique majeur du Jura, la Grande Saline de Salins-les-Bains est inscrite depuis 2009 sur la liste du patrimoine mondial gérée par l’UNESCO.

La Ville de Salins-les-Bains, propriétaire des lieux a inauguré en 2009 l’aménagement du nouveau musée du sel avec le concours financier de l’État, de la Région et du Département pour une première tranche de travaux. Le site reconfiguré a connu pendant plusieurs années une fréquentation annuelle dépassant les 70 000 visiteurs payants. La fréquentation a ensuite décliné tout en restant supérieure à 60 000 personnes jusqu’en 2019.

Une seconde tranche de travaux est aujourd’hui à programmer, comprenant notamment la réhabilitation du magasin des sels et de la grande galerie souterraine longue de 165 mètres sous une voûte d’une hauteur de 10 mètres. Le coût estimé à 16 millions d’euros sur une quinzaine d’années nécessite un montage financier bien adapté.

L’objectif est de donner à la Grande Saline les moyens nécessaires à dynamiser sa fréquentation et permettre le lancement d’un concours d’architecte destiné à lancer la requalification complète du site.

Le Conseil départemental approuve donc le principe de sa participation au financement de l’étude d’opportunité et de programmation lancée par la Ville de Salins-les-Bains pour le développement de la Grande Saline.

TRANSFERT DES ROUTES NATIONALES 

le Département reprend les RN5 et 83

Une loi publiée au journal officiel le 22 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation et portant diverses mesures de simplification de l’action publique permet, notamment, le transfert des routes nationales aux Départements, Régions et métropoles volontaires, à compter du 1 er janvier 2024.

Dans le Jura, sont concernées : la RN5 de Poligny aux Rousses, sur une distance de plus 64 km ainsi que la RN 83 du giratoire de BERSAILLIN à la limite avec le département du Doubs, sur une distance de 29,500 km.

L’objectif pour l’Etat qui gère jusque-là ces axes, permet de rationaliser les moyens et de réduire le nombre d’interlocuteurs routiers dans le Jura.

La loi prévoit que ce transfert fait l’objet d’une compensation financière des charges.

Ainsi, à la suite de la demande des services du département, l’État a fourni les principaux éléments relatifs aux caractéristiques des voies concernées et une première estimation du droit à compensation. Cinq postes de charges sont concernés : chaussées, ouvrages d’art, équipements, sécurité trafic environnement et fonctionnement.

Les caractéristiques :

RN 5

• 63 % des chaussées nécessitent un entretien de surface et/ou de structure

• 23 murs de soutènement sont en mauvais état sur les 166 présents

• une route de montagne avec de forts enjeux en hiver (viabilité hivernale), des enjeux de sécurité toute l’année (chutes de pierres, glissements, etc.) et support naturel de l’accès au plateau

• les travaux dans ce secteur sont complexes et posent de nombreux problèmes de déviation

• plusieurs demandes d’aménagements ponctuels sont connues et en particulier des carrefours (Gratteroche, Vaudioux, Bellefontaine).

RN 83

• la géologie est sensible dans les Monts de Buvilly avec des glissements de terrain fréquents

• le carrefour des Épines Fleuries est à réaménager

• la circulation de poids lourds est importante avec des demandes fréquentes pour l’interdiction et le report des trafics vers l’autoroute.

La RN5 serait transférée avec une indemnité annuelle de 2 340 000 euros et la RN83 avec 1 160 000 euros.

Le Conseil départemental émet un avis favorable au transfert de la RN83.

Quant au transfert de la RN5, l’avis favorable est assorti des réserves suivantes :

– la compensation financière doit être revue à la hausse pour les coûts de fonctionnement et d’investissement.

– l’itinéraire doit être inscrit au prochain contrat de plan État Région ou dans le cadre de tout autre dispositif de soutien à l’investissement routier incluant le Département dans les négociations.

Globalement, les phénomènes naturels susceptibles d’affecter ces deux routes nationales devront faire l’objet d’un mécanisme de garantie afin qu’elles puissent bénéficier, le cas échéant, d’aides financières supplémentaires.

« C’est un oui mais » a conclu le Président Pernot, ajoutant que « l’Etat doit préciser un certain nombre de points ».

Le transfert des routes nationales sur tout le territoire français sera effectif le 1er janvier 2024.

Séance publique du 30 septembre 2022 à l’Hôtel du Département. © Nicolas Logerot / Département du Jura