Labellisé en 2017, l’ENS « Lac et marais de Viremont », situé sur la commune de Valzin en Petite Montagne, est considéré comme un haut lieu de biodiversité à l’échelle du département, par sa richesse en habitats naturels et en espèces d’intérêt patrimonial, qui ont justifié la mise en œuvre d’actions de préservation depuis 2006.
Le lac contribue également à l’alimentation en eau potable de huit hameaux via le captage de la source du Valzin à Fétigny (commune nouvelle : Valzin en Petite Montagne). Le site est par ailleurs régulièrement fréquenté (promeneurs, pêcheurs…) et dispose d’aménagements légers pour l’accueil et l’information du public.
Compte tenu de ces enjeux croisés, les collectivités locales ont très tôt souhaité s’engager dans la préservation du lac et du marais : une gestion partenariale du site s’est donc mise en place, associant le Département porteur de la politique ENS, la commune en tant que propriétaire des terrains labellisés, et la Communauté de communes « Terre d’Emeraude Communauté » compétente en matière d’environnement et de tourisme.
L’origine et le déroulement des travaux
Conformément à ses engagements, le Département s’est porté maitre d’ouvrage des travaux de restauration du lac et de sa périphérie immédiate.
Les travaux ont débuté en mars 2022 par le traitement de la végétation indésirable dans un contexte de marais, et se sont achevés en décembre pour les terrassements.
Les orthophotographies nous renseignent sur l’évolution du lac ces 80 dernières années. Grâce à elles, il est possible de reconstituer chronologiquement les travaux de remembrement et de drainages réalisés.
C’est dans les années 1970, lors du remembrement, que des travaux ont modifié significativement le réseau hydrographique. De nombreux drains ont été creusés sur plus de 4km et le linéaire des cours d’eau a été fortement réduit et rectifié.
La situation du lac de Viremont et de la zone humide associée est problématique : travaux de drainage et de creusement de fossés ainsi que l’abaissement artificiel du niveau du lac réalisés dans le passé affectent le fonctionnement hydrique des sols et le développement de la biocénose.
L’intérêt du projet de restauration est de maintenir en permanence les sols du marais imbibés d’eau et une beine lacustre connective. Le lac possèdera à nouveau des rives en pentes douces attractives sur lesquelles les roselières se développeront et dans lesquelles les poissons se reproduiront. La restauration de l’équilibre hydrologique de la zone humide favorisera l’autoépuration d’une eau destinée à la consommation humaine.
Il s’agit, en quelque sorte, d’une remise en état, à la suite des divers travaux de curage et de rectification intervenus au fil du temps.
Les travaux de réhabilitation réalisés sont compatibles avec les objectifs de la DCE (Directive Cadre sur l’Eau : ensemble législatif européen sur l’eau) et du SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du bassin Rhône Méditerranée : « Agir sur la morphologie pour préserver et restaurer les milieux aquatiques ».
Les travaux d‘aménagement consisteront à :
- Neutraliser les drains afin de rétablir l’hydrométrie originelle des sols et le fonctionnement édaphique des zones humides
- Remettre le lac à son altitude originelle et en conformité avec son hydrologie naturelle
- Restaurer les affluents dans leur état morphologique d’avant les interventions anthropiques afin qu’ils retrouvent de manière pérenne une dynamique naturelle fonctionnelle.
Le site est intégré au réseau Natura 2000 Petite Montagne du Jura par la directive Habitats (FR4301334) et la directive Oiseaux (FR4312013). Plusieurs espèces (azuré des mouillères, cuivré des marais, …) et habitats (moliniaie, mégaphorbiaie, …) d’intérêt communautaire sont concernés ainsi que deux espèces d’intérêt patrimonial (gentiane pneumonanthe et hydrocotyle vulgaire). Leur situation et leur qualité seront durablement améliorées grâce au projet.
Les résultats des travaux
Grâce à cette opération, ce sont 4.5 ha de végétation indésirable traités, 5000 m2 de bord de lac décapés puis réennoyés, 1300 m de fossés de drainage neutralisés, 1500 m de clôtures reposées en fin de chantier.
Les précipitations automnales ont permis au lac de s’étendre de nouveau dans le marais et voici les bénéfices écologiques constatés :
- Le lac a gagné près de 3 ha et les habitats de zones humides ont été restaurés sur une surface de près de 20 ha
- Dans la zone humide avoisinante, on peut évaluer la quantité d’eau supplémentaire retenue dans la nappe phréatique à ~ 44 000 m3. Cela contribuera à l’apport d’eau fraiche en période caniculaire et favorisera aussi l’autoépuration.
- 1 300 m de drains comblés
- 350 m de cours d’eau reméandrés
